POURA : QUAND LA TERRE RETROUVE SA VALEUR, AU DELA DES PAILLETTES D'ORR

Poura, autrefois cité florissante, n’est aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. Son passé glorieux, bâti sur la promesse de l’or, a cédé la place à un avenir incertain. Le métal jaune, jadis source de prospérité, s’est transformé en un fléau, dévorant la ville à petit feu. La course effrénée à l’or a laissé derrière elle un paysage dévasté, où la vie peine à subsister.

Dans la cité de l’orpaillage, l’éclat de l’or a longtemps éclipsé le potentiel fertile de la terre. Mais une révolution silencieuse est en marche. Des mains autrefois noircies par la poussière des mines se tournent désormais vers le vert tendre des jeunes pousses, grâce à l’initiative visionnaire du CERDE. 

A Poura, une grande partie de la population  qui vit au rythme des battements de cœur des détecteurs de métaux. L’orpaillage artisanal, activité précaire et souvent destructrice, a façonné l’identité de ce village. 

LES RAVAGES DE L'ORPAILLAGE : UN DESASTRE HUMAIN ET ENVIRONNEMENTAL

Les conséquences de l’orpaillage à Poura sont alarmantes. La nature agonise. Les animaux meurent, victimes de la pollution et de la destruction de leur habitat. La déforestation a atteint une ampleur sans précédent et a transformé les forêts luxuriantes en un désert aride. La population souffre également. Les habitants de Poura sont les premières victimes de cette catastrophe écologique. Les maladies respiratoires chroniques sont devenues monnaie courante, causées par la poussière et les produits chimiques utilisés dans l’orpaillage. Les surfaces de terres cultivables, autrefois sources de nourriture et de revenus, ont été anéanties, plongeant la population dans une précarité sans nom. 

Destruction massive de l'environnement

LE MARAICHAGE, UN OASIS D'ESPOIR AU CŒUR DE POURA

Au cœur de Poura, précisément à Mouhoun III, un périmètre maraîcher a vu le jour, fruit de la détermination du CERDE et de la volonté des populations locales. Ce n’est pas seulement un champ de légumes, c’est un symbole de résilience et de renouveau.

Témoignages d’anciens orpailleurs

« Avant, je passais mes journées à creuser, sans savoir si j’allais trouver quelque chose. Les revenus étaient irréguliers, et la fatigue, constante. Avec le maraîchage, c’est différent. Je vois les résultats de mon travail chaque jour. Les légumes poussent, et je sais que je vais bientôt pouvoir les vendre. C’est une sécurité potentielle que je n’avais pas avant », confie un ancien orpailleur.

« L’orpaillage, c’était surtout une affaire d’hommes. Nous, les femmes, on restait à la maison, sans beaucoup de moyens. Le maraîchage nous donne l’opportunité de participer à l’économie du village. Nous aurons bientôt notre propre argent, et nous pourrons aider nos familles », témoigne une maraîchère.

« Les jeunes de mon âge partaient souvent chercher du travail dans les mines d’or. C’était dangereux, et beaucoup revenaient sans rien. Le maraîchage, c’est une alternative pour nous. On peut rester au village, travailler la terre, et construire notre avenir ici », explique un jeune maraîcher.

Il faut noter que les productions viennent de commencer, les producteurs n’ont pas encore vendu, cependant la motivation de ces derniers est à son paroxysme. 

Un geste quotidien pour assurer la pérennité des cultures

CHIFFRES ET IMPACTS : LA REALITE DU CHANGEMENT

Le projet a permis de reconvertir une trentaine d’anciens orpailleurs (hommes et femmes) au maraîchage, qui cultivent maintenant une superficie d’un hectare, soit environ 200 m² par personne. La production est diversifiée, incluant des tomates, des oignons, des courgettes et d’autres légumes. Bien que les producteurs n’aient pas encore réalisé de ventes, le maraîchage offre un potentiel d’augmentation des revenus, leur permettant d’envisager une amélioration de leurs conditions de vie. Contrairement à l’orpaillage, qui détruit les sols et pollue l’eau, le maraîchage pratiqué de manière durable contribue à la régénération des terres. Les techniques d’irrigation mises en place permettent une utilisation plus efficace de l’eau, réduisant le gaspillage. La réduction de l’activité minière a un impact positif sur la qualité de l’air et la biodiversité locale.

LE CERDE : UN ACTEUR CLE DU DEVELOPPEMENT DURABLE

Le CERDE ne se contente pas de fournir des semences et des outils. Il accompagne les maraîchers à chaque étape : formation aux techniques de culture, à la gestion de l’eau et à la commercialisation des produits, suivi d’un appui technique et des conseils personnalisés, sensibilisation aux enjeux environnementaux et promotion des pratiques durables.

Le projet : « Gestion durable des ressources écosystémiques de l’espace de gestion du Balé 7 du fleuve Mouhoun dans un contexte de changement climatique » du CERDE est un exemple de développement intégré, qui prend en compte les dimensions économiques, sociales et environnementales. Il montre qu’il est possible de diversifier les activités économiques, de renforcer la sécurité alimentaire et de protéger l’environnement. Le succès du projet du CERDE à Poura dépend de l’engagement de tous : populations locales, autorités, partenaires techniques et financiers.

 

Ensemble, construisons un avenir où la terre nourrit les hommes, au-delà des mirages de l’or.

                                                                                                                                                                                                                                                              Service communication du CERDE